jeudi 15 octobre 2020

Surface temps et profondeur des tailles en électrolyse, utile pour permettre les petites corrections

 Bonjour à tous, toutes,

Une nouvelle étude un un peu ardue, utile pour permettre les petites corrections (une pupille par exemple). Merci de m'en excuser. J'aime bien comprendre ce que je fais.

Tout d'abord, la gravure ayant permis l'étude:


 

Première expérience :
Tout a été mordu 20 minutes :
5 carrés de tailles différentes ont été gravés distinctement, mordus puis masqués à la gomme-laque avant le passage au carré suivant.
Chaque carré a donc été mordu isolément.

Le tableau suivant montre la profondeur des tailles en fonction de la taille du carré (5 premières lignes du tableau). Comme toujours, les astérisques indiquent que le protocole a été respecté par le graveur (ma pomme !)



Le graphique montre la profondeur des tailles en microns en fonction de la surface du carré exprimée en mm carrés:

 


 On voit clairement que les petites surfaces sont profondément mordues, jusqu’à 70 microns.
A partir d’un carré de 10 mn par 10 mm soit 100 mm carrés, la profondeur varie peu, aux alentours de 30 à 40 microns. La surface la plus grande 1600 mm carrée correspond à 40 x 40 mm, au centre de la gravure. Les zones non gravées sont lièes à un cuivre non mis à nu, en raison d'un vernis plus épais.


Seconde expérience :  (en haut à gauche de la gravure)

Un petit carré de 5 mm par 5 mm a été mordu isolement 1, 2, 5, 10, 20 minutes.

 


 

Le graphique montre que la profondeur varie de 10 à 50 microns pratiquement linéairement fonction du temps.
Ainsi un petit carré mordu deux minutes à une profondeur de 20 microns ce qui donne à l’impression un noir soutenu.
Si on se souvient de la pupille, on voit qu’une minute suffit pour graver une pupille.


Bonne Gravure à tous,
L'électrolyse est un procédé de morsure nettement plus complexe que l'acide nitrique, encore utilisé mais dangereux.
Ma nouvelle presse de Chartreuse, légère 28 Kg, si facile à régler a transformé mon métier d'imprimeur.
Ma précédente presse sans marque était difficile à régler. Je l'ai utilisé plus de 25 ans avec de bons résultats. Elle pesait 300 Kg. Je l'ai donné à une élève de l’École de Gravure de Chamalières.

 

lundi 8 juin 2020

De la nature des tailles ou comment réussir techniquement sa gravure

Pour un graveur,  ce qui est important c’est le résultat en matière  de noirceur des tailles imprimées. 
Avec l’acide nitrique ou avec le perchlorure de fer, le résultat obtenu ne dépend pas de la nature des tailles : tailles croisées  plus ou moins serrées , ligne isolée ou multiples, pointillés. À temps  de morsure égal le résultat obtenu est le même.

Avec l’électrolyse, le résultat dépend complètement de la nature des tailles.
Prenons un exemple :
Imaginons que nous mordons tout pendant 20 minutes.
Un point, une ligne, seront très profondément mordus et très foncés et très noirs.
Les lignes parallèles seront d’autant moins mordues qu’elles seront serrées . Les plus serrées seront donc plus claires.
Les tailles croisées  seront également d’autant plus claires qu’elles seront serrées.

« Serré » fait référence à des tailles espacées de moins de 0,3 à 0,5 mm Soyons précis : cela peut se mesurer avec un coupe-fil et un morceau de papier gradué. Le microscope, que j’emploie aussi, c’est pour  les fadas !

Pour dire les choses autrement :
Pour obtenir un résultat très foncé, 20 minutes sont nécessaires pour un point ou une ligne, 120 minutes sont nécessaires pour des tailles croisées très serrées.

Ainsi, le protocole de gravure doit impérativement tenir compte de la nature des tailles.
Si le temps total de morsure est de 120 minutes
on commence par les tailles très serrées croisées très foncées qui seront mordues 120 minutes. Après 60 minutes (par exemple) de morsure,on grave  les tailles croisés très serrées plus claires, ou bien les lignes parallèles plus sensibles à la morsure qui, elles seront plus sombres que les tailles croisées.

Mordons 40 minutes de plus.
Durant les 20 minutes qui restent nous avons le choix entre:
Des tailles croisées très serrées qui donneront un résultat pâle.
Des lignes proches les unes des autres, avec un résultat intermédiaire,
Une ligne isolée (signature par exemple) ou des points qui donneront un résultat très foncé.

On réalise donc l’ensemble de la gravure avec un seul vernis, en gravant puis en mordant selon le résultat souhaité.
Ceci nécessite une certaine d’habitude, un protocole établi dès le départ.  Il arrive naturellement que je modifie le protocole en cours de route lorsque je veux rajouter un détail, ou si je trouve une façon de faire plus simple ou plus efficace.

La gravure à l’eau-forte nécessite de la patience surtout avec l’électrolyse.
Avant de mordre une zone gravée, il faut s’assurer qu’on a rien oublié . Quand c’est mordu c’est trop tard. Les corrections nécessiteront un nouveau vernis. C’est possible, comme avec l’ancienne méthode. On appelle cela un nouvel état. Pourquoi pas ?

Ma dernière gravure selon ce protocole:

 


Avec un peu d'habitude c'est presque facile et en tout cas non toxique et sans danger.